Je suis freelance et je passe 3 heures par semaine à me former

Apprendre freelance

Et vous devriez le faire aussi.

Le métier que vous exercerez dans 10 ans n’existe peut-être pas encore. 

Réfléchissez un instant aux métiers en forte demande actuellement. Les community managers, développeurs d’applications et autres data analysts étaient inconnus au début des années 2000. Et la transformation du marché du travail n’est pas près de ralentir.

Lorsque j’ai démarré ma vie professionnelle dans les ressources humaines, je ne savais pas que j’allais devenir freelance en rédaction web quelques années plus tard. Non seulement ce métier n’existait pas, mais je n’avais aucune compétence dans le digital.

Dans un environnement technologique, économique et sociétal en perpétuel mouvement, comment rester crédible professionnellement ? De quelle manière la formation vous accompagne-t-elle dans la réalisation de vos projets ? Et surtout, comment se former en étant freelance ?

Alors oui, devoir se former semble être une évidence. Mais en pratique, peu de professionnels indépendants le font vraiment. Je le comprends. Entre les missions à réaliser pour vos clients, la promotion de votre marque personnelle sur les réseaux sociaux, la comptabilité – (et votre vie personnelle aussi) – votre planning est bien chargé. 

D’ailleurs, lorsque je me suis lancée à temps plein dans la rédaction web, la formation était réservée aux rares périodes de creux. Aujourd’hui, sa présence est constante dans mes priorités.

Bien plus qu’une simple nécessité, la formation est une question de survie pour un professionnel indépendant. 

Je vous explique pourquoi et vous partage mon expérience ainsi que celle de Diana Makhkamova – coach pour entrepreneures et Eric Graziano – concepteur-rédacteur et traducteur.

Le monde du travail évolue plus vite que jamais

Comme vous le savez, la technologie et le digital ont transformé le monde du travail. 

L’information circule instantanément et 24h/24. Grâce à l’automatisation des tâches, les professionnels se concentrent sur des tâches à plus haute valeur ajoutée. Et l’arrivée de la 4e révolution industrielle accélère la mutation du marché des compétences. Ainsi, la durée de vie moyenne d’une compétence serait de 5 ans, voire moins dans certains secteurs comme les nouvelles technologies et le digital.

Mais les attentes des travailleurs évoluent aussi. Alors que, jusqu’au début des années 2000, le CDI représentait un emploi pour la vie, aujourd’hui, les professionnels ont la bougeotte. Ils changent d’entreprise et même de métiers, plusieurs fois dans leur carrière. 

J’en suis un bon exemple puisque j’ai cumulé les postes dans les secteurs des RH, de l’e-commerce, de la traduction, du recrutement et de la formation. C’est peut-être aussi votre cas ?

Sujet prépondérant sur les réseaux sociaux, les reconversions professionnelles se multiplient. Si bien qu’un actif sur cinq est engagé dans un processus de reconversion.

À l’ère du digital, il n’a jamais aussi facile de lancer sa propre activité. La France a (re)trouvé le goût d’entreprendre et d’innover. Selon KPMG Pulse, la France compte plus de 10 000 start-ups. Et lorsque l’on sait que qu’un jeune professionnel sur quatre souhaite devenir son propre patron, le rythme de créations d’entreprises n’est pas près de ralentir.

Autre tendance qui grimpe : le slashing. Derrière ce terme anglophone se cache le fait de cumuler plusieurs activités professionnelles. Selon une étude, une personne sur trois issues de la génération Z souhaite occuper simultanément trois activités ou plus. C’est ainsi que le nombre de professionnels freelances ne cesse d’augmenter. Il est estimé à 930 000 en France.

La mentalité des chefs d’entreprise et des professionnels RH commence aussi à changer. Le diplôme, longtemps considéré comme le Saint-Graal, perd peu à peu de son importance. C’est notamment le cas dans certains secteurs en tension comme l’informatique où les profils autodidactes sont les bienvenus.

En tant que freelance, le niveau et la diversité de vos compétences vont déterminer votre réussite, et sa durée.

La formation est à portée de main

Venons-en au cœur du sujet de cet article, la place de la formation en tant que professionnel indépendant.

Pour vous, la formation consiste à se rendre dans une salle austère et à regarder une présentation PowerPoint ennuyeuse ? Il est temps de changer cette image.

La formation est aujourd’hui plus interactive et flexible que jamais auparavant.

Il faut dire que les établissements éducatifs n’ont plus le monopole de la formation.

Aujourd’hui, vous pouvez vous former via une université, grâce à votre copine Lucie ou par vous-même !

Comme je vous l’ai expliqué en introduction de cet article, je me suis reconvertie du secteur des ressources humaines vers la rédaction web. Les RH n’étant pas vraiment connus pour leur modernisme et leur pensée disruptive – heureusement ça commence à changer – mes connaissances du web provenaient surtout de mon utilisation personnelle.

Pour me former, je me suis d’abord intéressé aux parcours de formation traditionnels à l’université. Mais en Angleterre où je suis expatriée, les études sont chères et les options à distance ou en cours du soir, bien que présentes, restent limitées. En m’intéressant au parcours de nombreux freelances, je me suis rendu compte qu’un diplôme n’est pas une obligation pour vendre des prestations. 

Et surtout, je me suis aperçue que le web regorge de ressources de formation en tous genres.

Les cours en ligne se développent et deviennent accessibles. Entre les tutoriels Youtube, les formations de groupe synchrones (cohort-based courses), les cours asynchrones écrits ou en vidéo, vous trouverez forcément ce qu’il vous faut.

Par exemple, il est possible d’apprendre à utiliser Illustrator avec Openclassroom, découvrir la data science avec Future Learn ou progresser en écriture avec le Bootcamp Sauce Writing.

Le mobile learning, c’est-à-dire le fait de se former sur votre smartphone est un moyen d’apprentissage flexible. C’est exactement ce que proposent Duolingo et Babbel avec leur application pour apprendre les langues.

Parmi les autres méthodes de formation qui gagnent de l’importance, on retrouve le social learning ou apprentissage par les pairs, grâce aux réseaux sociaux et autres plateformes collaboratives comme Circle et Techfloor. 

Quant aux podcasts, ils permettent d’apprendre sans avoir nécessairement les yeux rivés sur un écran. 

Il suffit de prendre un temps de réflexion sur vos préférences d’apprentissage, et pourquoi pas, de tester plusieurs méthodes. 

Pour Diana, c’est l’accompagnement qui prime : Je suis très attentive à la pédagogie et aux moyens mis en œuvre pour permettre à l’apprenant d’atteindre ses objectifs et rester motivé. J’aime être accompagnée, ne pas me sentir seule dans mon apprentissage et être challengée. Ce que je préfère c’est lorsque c’est fun, ça va droit au but, et qu’il y a du passage à l’action.

Et tout comme les salariés, en tant que professionnel indépendant, vous avez des droits à la formation. Ne vous en passez pas !

Vous avez l’embarras du choix concernant la manière de vous former. La difficulté n’est donc pas de trouver des ressources, mais de faire de la formation l’une des priorités de votre activité de freelance.

Vos compétences influencent votre crédibilité professionnelle

Se former lorsqu’on est freelance, c’est investir sur soi-même. Après tout, vos clients choisissent de travailler avec vous pour vos compétences, et ce, quels que soient les services ou les produits que vous proposez. 

En d’autres termes, vos compétences sont vos outils de travail.

Loin d’être une perte de temps, la formation est un moyen de rester crédible pour proposer un travail de qualité et faire face à la concurrence.

En parler c’est bien, mais en pratique, ce n’est pas toujours facile à mettre en place. Être freelance, c’est avant tout avoir plusieurs casquettes. Démarchage de clients, construction de votre identité de marque, mise en place d’actions de marketing digital, ou encore, gestion de la facturation, il n’y a pas de quoi s’ennuyer !

Alors, concrètement comment trouver le temps de se former avec un planning aussi chargé ? 

Si durant la période où j’ai cumulé freelancing et salariat, j’ai enchaîné les cours et les lectures sur la rédaction web, j’ai fait une grosse erreur lorsque je me suis lancée à mon compte à temps plein : celle d’arrêter de me former. 

Entre la pression de trouver des clients et de livrer un travail bien fait, c’était loin d’être une priorité. 

Il m’a fallu du temps pour comprendre que, tout comme envoyer des factures est nécessaire pour être payé, se former est tout aussi indispensable pour assurer la réussite de son activité.

Plus d’un an après le début de mon activité indépendante, la formation a repris une place constante dans mon planning. Chaque semaine, je consacre trois heures en moyenne à cette activité. 

Je bloque des créneaux spécifiques dans mon agenda. S’ils peuvent varier en fonction de ma charge de travail, je les réserve généralement le jeudi et le vendredi après-midi. Pourquoi ? Parce que le mercredi, j’ai bien avancé sur mes articles de la semaine et que j’ai besoin de faire une pause avant la relecture. Et le vendredi après-midi, les articles sont envoyés aux clients, je peux alors réfléchir à mon activité de freelance, et à mes besoins de formation.

Un aperçu de mes sujets de formation pour les mois d'octobre et de novembre.

 

Diana passe également 3 heures par semaine à se former : En tant qu’entrepreneure il me paraît indispensable de continuer à me former. D’autant que pour ma part c’est un véritable plaisir, et je dirais même moteur, pour avancer et évoluer non seulement à titre professionnel, mais également personnel. J’accompagne les entrepreneures à développer leur entreprise grâce aux neurosciences : un domaine en constante évolution où j’ai encore tout à découvrir.

Mais pour Eric, le temps manque cruellement. Entre le travail sur ses missions clients, la prospection de clients et les tâches administratives, les créneaux disponibles se font rares. Je dois me réorganiser, mais ce n’est pas facile … la formation passe souvent en dernier

Ainsi, il faut parfois songer à une nouvelle distribution de son temps pour réussir à faire de la place à la formation.

Alors concrètement, que devriez-vous apprendre ?

Vous pouvez vous former pour renforcer une compétence existante, en apprendre une nouvelle, ou ajouter une corde à votre arc pour votre activité d’indépendant.

Mais la formation ne concerne pas nécessairement votre cœur de métier.  Vous pouvez choisir de vous former pour améliorer votre organisation, votre gestion financière, votre productivité, etc.

Mais lorsque je parle de formation, ce n’est qu’une étape du développement des compétences. Voici un aperçu de ma vision de ce processus :

  • Veille : qu’est-ce qu’il se passe dans mon secteur d’activité ? Quels sont les tendances, les risques et les opportunités ?
  • Identification des besoins de formation : quelles sont les compétences dont je vais avoir besoin pour assurer ma crédibilité et appuyer mon expertise ?
  • Recherche de ressources de formation : quelles sont les ressources qui vont m’aider à atteindre mes objectifs ? Comment se présentent-elles ?
  • Formation : l’apprentissage de nouvelles connaissances.
  • Mise en pratique : l’application des connaissances acquises.

Pour apprendre comment créer un carrousel pour LinkedIn, il ne suffit probablement que d’un tutoriel écrit ou sous forme de vidéo. Mais pour acquérir ou développer une compétence plus poussée ou développer une expertise, il faut mettre en place une stratégie et utiliser des ressources diverses. 

Reprenons l’exemple du carrousel pour LinkedIn. Si c’est une compétence simple à apprendre, mettre en place une stratégie pour optimiser sa visibilité sur les réseaux sociaux vous demandera plus d’efforts. Cela peut prendre plusieurs semaines, sans compter les mises à jour nécessaires sur l’évolution du fonctionnement des algorithmes de la plateforme et la découverte de nouvelles fonctionnalités.

Personnellement, je consacre du temps à apprendre des petites compétences pratiques qui facilitent mon quotidien. Mais le cœur de mon activité, c’est la rédaction web et tout ce qui l’entoure : stratégie, écriture et distribution. 

La tentation est parfois grande de faire autre chose que de se former, comme travailler sur un projet client ou regarder une série sur Netflix. Et je vous avoue que parfois, ça m’est arrivé de le faire

Mais ce que je peux affirmer, c’est que la formation fait partie de mon activité de freelance, et je ne pourrais plus m’en passer. 

Les 3 heures de formation ne sont qu’une estimation personnelle. Chaque personne et situation sont différentes. Il faut savoir faire preuve de flexibilité, en gardant la formation en ligne de mire. L’essentiel c’est de développer votre curiosité et agir pour vous améliorer constamment.

Il faut parfois réaliser plusieurs tentatives avant de trouver le rythme de travail et de formation. 

Selon Eric : « le freelance est prisonnier du présent, voire du futur proche. Il n’a pas le recul nécessaire pour penser au passé (analyser son activité, ses réussites comme ses échecs) et se projeter dans le futur. Cela passe par la définition d’une stratégie (en fonction de l’analyse précédente) et la formation, pour maintenir ses compétences à jour ou en acquérir de nouvelles ».

Freelances : prenez l’initiative de vous former

Travailler à son compte, c’est par définition être livré à soi-même. Vous êtes responsable du développement de votre savoir, savoir-faire et savoir être pour perdurer dans le temps.

Si aujourd’hui vos activités fleurissent, ce ne sera peut-être pas le cas demain. Assurer votre avenir professionnel, c’est anticiper les compétences qui seront nécessaires sur le court, moyen et long terme pour rester crédible dans votre activité.

Plus qu’une tâche occasionnelle à accomplir, vous former doit être un processus naturel, systématique et ancré dans vos habitudes de professionnel indépendant.

Quelle place a la formation dans votre vie de freelance ? De quelle manière préférez-vous développer vos compétences ? Et qu’allez-vous mettre en place pour faire de la formation une habitude ?